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Choses à Savoir CERVEAU
Choses à Savoir CERVEAU
Author: Choses à Savoir
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Pour tout comprendre, jour après jour, sur le fonctionnement du cerveau. Textes de Christophe Rodo, neuroscientifique, jusqu’en septembre 2024.
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Il existe une fleur capable de rivaliser avec les somnifères : celle du bigaradier. Derrière ce nom un peu oublié se cache l’oranger amer, un petit arbre originaire d’Asie, sans doute de la région de l’Himalaya. Introduit en Méditerranée au Moyen Âge, il s’est acclimaté sous le soleil de Séville et de Grasse, où ses fleurs blanches, d’un parfum enivrant, sont devenues le cœur de la parfumerie et de la phytothérapie. On la connaît mieux sous le nom de fleur d’oranger.Mais au-delà de son odeur douce et familière, la fleur du bigaradier possède des vertus étonnantes sur le sommeil. Depuis longtemps, les infusions de fleur d’oranger apaisent les enfants agités et calment les nerfs avant la nuit. Ce que la science confirme peu à peu. En 2023, des chercheurs iraniens ont mené un essai clinique sur des femmes dont les bébés étaient hospitalisés : boire chaque soir un distillat de fleur d’oranger a significativement amélioré leur sommeil, comparé à un placebo. Les participantes s’endormaient plus vite, se réveillaient moins souvent, et déclaraient se sentir plus reposées.D’autres travaux, menés sur des modèles animaux, sont encore plus surprenants. Un extrait de fleur d’oranger, administré à des souris privées de sommeil, s’est révélé plus efficace pour réduire leur anxiété qu’un médicament bien connu : le lorazépam, un somnifère puissant. Les chercheurs attribuent cet effet à plusieurs molécules actives : le linalol, le nérolidol et divers sesquiterpènes, capables d’agir sur les récepteurs GABA du cerveau, les mêmes que ceux ciblés par les benzodiazépines. En somme, la nature imiterait la chimie, mais sans ses effets secondaires.Cependant, ces résultats doivent être interprétés avec prudence. Les études restent encore peu nombreuses, souvent limitées à de petits échantillons. Et si la fleur d’oranger favorise l’endormissement, elle ne remplace pas un traitement médical dans les cas d’insomnie sévère. Elle agit comme une aide douce, idéale pour calmer les tensions, réduire l’anxiété et rétablir un cycle de sommeil perturbé.Boire une tisane de fleur d’oranger avant le coucher, respirer son huile essentielle ou l’utiliser en diffusion pourrait donc être une manière simple de renouer avec un sommeil naturel. Le bigaradier, autrefois symbole d’innocence et de paix, redevient ainsi ce qu’il a toujours été : un messager de sérénité, plus apaisant qu’un somnifère, et infiniment plus poétique. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant des décennies, les chercheurs ont cherché à déterminer la durée de sommeil idéale. En 2023, une vaste étude parue dans la revue Nature Aging a apporté une réponse inattendue : sept heures par nuit semblent être la durée parfaite pour échapper au déclin cognitif passé 40 ans.Les scientifiques ont analysé les données de plus de 500 000 adultes âgés de 38 à 73 ans, issues de la base britannique UK Biobank. Leurs performances cognitives, leur humeur et même la structure de leur cerveau ont été comparées à leurs habitudes de sommeil. Les résultats sont clairs : trop peu ou trop de sommeil nuisent tous deux à la santé cérébrale. En dessous de six heures, les capacités de mémoire et d’attention s’affaiblissent ; au-delà de huit heures, le cerveau montre également des signes de fatigue. Se situer autour de sept heures constitue donc un équilibre subtil entre récupération et vigilance.Les chercheurs ont constaté que les personnes dormant environ sept heures par nuit présentaient de meilleurs résultats aux tests cognitifs, mais aussi des volumes cérébraux plus élevés, notamment dans l’hippocampe, siège de la mémoire, et dans le cortex frontal, essentiel à la prise de décision. Dormir trop peu provoque une accumulation de déchets métaboliques, comme les protéines bêta-amyloïdes, que le cerveau élimine normalement pendant le sommeil profond. Dormir trop, à l’inverse, pourrait être le signe d’un sommeil fragmenté ou d’une pathologie sous-jacente.Cette découverte bouleverse notre compréhension du repos nocturne : elle suggère qu’après 40 ans, la qualité du sommeil compte autant que sa quantité. Avec l’âge, le sommeil profond diminue naturellement, et le maintien d’un rythme régulier devient crucial. Les chercheurs insistent : il ne s’agit pas seulement de dormir longtemps, mais de bien dormir.Le message est simple : viser sept heures de sommeil de qualité chaque nuit, à heures fixes, pourrait préserver la mémoire et la clarté mentale jusqu’à un âge avancé. L’étude ne démontre pas une causalité absolue, mais elle trace un repère précieux pour vieillir sans déclin cognitif marqué. Le sommeil, longtemps considéré comme un luxe, s’affirme ici comme une véritable médecine préventive. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Et si le “bon” cholestérol n’était pas toujours si bon ? C’est la conclusion surprenante d’une étude australienne publiée dans The Lancet Regional Health – Western Pacific, qui remet en question une croyance médicale bien ancrée. Selon les chercheurs, des taux très élevés de HDL-cholestérol — le fameux “bon” cholestérol censé protéger le cœur — pourraient augmenter le risque de démence chez les personnes âgées.Les scientifiques se sont appuyés sur les données du vaste essai ASPREE, qui a suivi près de 19 000 participants âgés de plus de 70 ans pendant plus de six ans. Tous étaient en bonne santé cognitive au départ. En analysant leurs taux de HDL, les chercheurs ont constaté qu’au-delà de 80 mg/dL, le risque de développer une démence augmentait d’environ 27 %. Chez les plus de 75 ans, ce risque grimperait même jusqu’à 40 %.Ce résultat va à l’encontre de l’idée selon laquelle un HDL élevé serait toujours bénéfique. En réalité, les chercheurs observent une courbe en “U” : trop peu de HDL est néfaste, mais trop en avoir pourrait aussi poser problème. Pourquoi ? Parce que le HDL n’est pas un simple chiffre, mais un ensemble de particules dont la qualité compte autant que la quantité. Lorsqu’il devient “dysfonctionnel” — oxydé, inflammatoire ou altéré — il pourrait perdre ses effets protecteurs, voire contribuer à des processus de stress oxydatif et d’inflammation dans le cerveau.Autrement dit, un HDL très élevé ne signifie pas forcément un HDL efficace. Il pourrait être le signe d’un déséquilibre métabolique ou d’un dysfonctionnement du transport du cholestérol, deux facteurs déjà associés au déclin cognitif.Les auteurs restent prudents : leur étude est observationnelle et ne prouve pas que le HDL élevé cause directement la démence. Mais elle invite à repenser la vieille opposition entre “bon” et “mauvais” cholestérol, trop simpliste pour décrire la complexité du métabolisme lipidique.En pratique, cela signifie qu’un HDL modéré — entre 40 et 80 mg/dL — reste optimal pour la santé. Au-delà, il ne faut pas s’alarmer, mais éviter de viser des niveaux excessifs. Cette découverte rappelle une leçon essentielle : dans le corps humain, même ce qui est bon peut, à trop forte dose, devenir un déséquilibre. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Et si Alzheimer n’était plus une fatalité ? C’est la question bouleversante soulevée par une étude récente publiée dans la revue Nature, qui ouvre une brèche d’espoir pour des millions de familles confrontées à cette maladie neurodégénérative. Longtemps considérée comme irréversible, la destruction progressive des neurones observée dans Alzheimer pourrait, au moins en partie, être réparée.Les chercheurs, issus d’un consortium international, ont identifié un mécanisme inédit qui permettrait au cerveau de récupérer certaines fonctions altérées. Ils ont observé, chez des modèles animaux, qu’en réactivant un petit groupe de gènes liés à la plasticité neuronale — cette capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions — il était possible de restaurer la communication entre neurones endommagés. En d’autres termes, certaines zones cérébrales atteintes par la maladie pourraient retrouver une activité fonctionnelle.Plus précisément, les scientifiques se sont concentrés sur la microglie, ces cellules “gardiennes” du cerveau chargées d’éliminer les déchets et de réparer les tissus. Dans la maladie d’Alzheimer, elles deviennent hyperactives et s’attaquent parfois aux synapses saines. En modulant leur activité par une combinaison de molécules expérimentales, les chercheurs ont réussi à calmer cette inflammation chronique et à relancer un processus de réparation naturelle. Résultat : les animaux traités ont montré une amélioration notable de leur mémoire et de leurs capacités d’apprentissage.Ces résultats, encore préliminaires, ne constituent pas un remède immédiat, mais ils changent profondément notre regard sur Alzheimer. L’idée même qu’un cerveau adulte — et malade — puisse retrouver une part de sa plasticité ouvre une voie thérapeutique totalement nouvelle. Là où la science cherchait jusqu’ici à freiner la dégénérescence, elle envisage désormais de la réparer.Cette approche révolutionnaire, qui combine biologie cellulaire, génétique et intelligence artificielle pour cartographier les circuits neuronaux endommagés, marque une rupture d’échelle dans la recherche. Les prochaines étapes consisteront à tester cette stratégie sur l’humain, en s’assurant de son innocuité et de sa durabilité.Mais déjà, un message se dessine : le cerveau, même vieillissant, n’a pas dit son dernier mot. Loin d’être un organe figé condamné à l’usure, il conserve une surprenante capacité de renaissance. Et si cette promesse se confirme, Alzheimer pourrait bien, un jour, ne plus être une fatalité mais une maladie dont on se relève. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pourquoi les adolescents n’écoutent-ils pas leurs parents ? La question fait soupirer des générations de parents, mais la science vient d’apporter une réponse fascinante. Selon une étude publiée dans The Journal of Neuroscience par une équipe de chercheurs de l’Université Stanford, ce comportement n’est pas une simple crise d’adolescence : il reflète une transformation profonde du cerveau, inscrite dans notre évolution biologique.Les chercheurs ont observé, grâce à l’imagerie cérébrale, les réactions de jeunes âgés de 13 à 18 ans lorsqu’ils entendaient des voix familières – celles de leurs mères – puis des voix inconnues. Chez les enfants plus jeunes, la voix maternelle déclenche une forte activité dans les circuits de la récompense et de l’attention. Mais à l’adolescence, tout change : ces mêmes zones deviennent moins sensibles aux voix parentales et s’activent davantage face à celles de personnes extérieures.Le professeur Vinod Menon, auteur principal de l’étude, explique que cette bascule n’est pas un signe de rébellion, mais une étape cruciale du développement social. Pour évoluer vers l’autonomie, le cerveau adolescent doit s’ouvrir à d’autres sources d’influence : amis, enseignants, pairs. En somme, le cerveau “reprogramme” ses priorités, cherchant dans les voix extérieures des signaux nouveaux pour construire son identité.L’étude montre aussi que les régions impliquées dans la détection de la valeur sociale d’un son – comme le cortex temporal et le striatum ventral – se réorganisent à cette période. Le cerveau devient littéralement plus attentif à ce qui vient de l’extérieur du cercle familial. Ce mécanisme, bien que déroutant pour les parents, est essentiel à la survie de l’espèce : il favorise la socialisation, l’apprentissage de nouvelles règles et la capacité à s’intégrer dans un groupe plus large.Ainsi, lorsque votre adolescent lève les yeux au ciel ou semble ignorer vos conseils, son cerveau ne vous rejette pas par provocation ; il suit simplement un programme biologique millénaire. Le silence apparent cache une transformation intérieure : l’enfant devient un être social autonome, guidé par un besoin neurologique d’explorer d’autres voix et d’autres mondes.En éclairant les mécanismes de cette métamorphose cérébrale, l’étude de Stanford apporte un apaisement bienvenu : les parents ne parlent pas dans le vide, ils s’adressent à un cerveau en pleine évolution. Et cette évolution, loin d’être une rupture, est le passage nécessaire vers l’indépendance. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La région du cerveau la plus directement impliquée dans la manipulation de nos peurs s’appelle l’amygdale — une petite structure en forme d’amande située profondément dans le système limbique, au cœur du cerveau. C’est elle qui détecte le danger, déclenche la peur et coordonne la réponse physiologique : accélération du rythme cardiaque, montée d’adrénaline, crispation musculaire.Mais ce n’est pas la seule actrice. En réalité, nos peurs résultent d’un dialogue constant entre plusieurs zones cérébrales :L’amygdale, donc, joue le rôle d’alarme. Elle analyse les signaux sensoriels venant du thalamus et réagit en une fraction de seconde, souvent avant même que nous soyons conscients du danger. C’est elle qui nous fait sursauter avant que nous comprenions pourquoi.Le cortex préfrontal, situé à l’avant du cerveau, intervient ensuite pour réguler cette émotion. Il évalue si la menace est réelle ou non et peut inhiber la réaction de peur. C’est cette partie du cerveau qui permet de se raisonner après un sursaut : “Ce n’est qu’un film, je ne risque rien.”L’hippocampe, lui, joue un rôle de mémoire contextuelle : il nous aide à distinguer un danger passé d’un danger présent. Quand cette région fonctionne mal, comme dans certaines formes de stress post-traumatique, le cerveau peut réagir à de simples souvenirs comme s’ils étaient encore menaçants.Des recherches récentes, notamment en imagerie cérébrale, ont montré qu’en stimulant ou en inhibant électriquement l’amygdale, il était possible de moduler artificiellement la peur — voire de la faire disparaître temporairement. Des études menées à l’Université d’Iowa sur une patiente dépourvue d’amygdales, connue sous le nom de “SM”, ont montré qu’elle était incapable d’éprouver de la peur, même face à des situations extrêmes comme des serpents ou des films d’horreur.Ainsi, manipuler nos peurs revient à agir sur ce réseau complexe : l’amygdale (pour le réflexe), le cortex préfrontal (pour le contrôle), et l’hippocampe (pour la mémoire). Ensemble, ces régions façonnent notre rapport au danger, à l’anxiété et au courage — autant d’émotions que notre cerveau apprend, module, et parfois, déforme. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
On l’appelle le syndrome de Gourmand. Et il ne désigne pas un simple goût pour la bonne chère. Ce trouble neurologique rare, découvert dans les années 1990 par deux chercheurs suisses, Marianne Regard et Theodor Landis, transforme littéralement la personnalité alimentaire d’un individu après une lésion du cerveau. Des patients jusque-là indifférents à la gastronomie deviennent soudain obsédés par la nourriture raffinée, les textures, les saveurs subtiles. Ils se mettent à lire des critiques culinaires, à fréquenter les meilleurs restaurants, à parler cuisine avec passion. Leur appétit n’augmente pas forcément — mais leur relation à la nourriture change du tout au tout.Tout commence souvent après une atteinte du lobe frontal droit, notamment dans la région orbito-frontale. Cette zone du cerveau, située juste derrière les yeux, joue un rôle clé dans la régulation des émotions, des pulsions et des préférences sociales. Lorsqu’elle est endommagée — à la suite d’un accident vasculaire cérébral, d’un traumatisme crânien ou d’une tumeur —, les circuits du plaisir et du jugement peuvent être perturbés. Résultat : le goût, qui dépend largement de l’activité du cortex orbito-frontal, se réorganise de manière surprenante.Les premiers cas recensés par Regard et Landis décrivaient des patients qui, après une lésion cérébrale, développaient une fascination pour les produits fins, les bons vins, les associations subtiles. L’un d’eux, par exemple, se mit à collectionner des recettes et à disserter sur les mérites comparés du foie gras et du saumon fumé, alors qu’il n’avait jamais montré le moindre intérêt pour la cuisine auparavant.Ce syndrome illustre à quel point nos goûts sont des constructions cérébrales : ils ne relèvent pas seulement du palais, mais aussi de la manière dont notre cerveau attribue de la valeur, du plaisir et du sens aux expériences sensorielles. Le lobe frontal agit comme un chef d’orchestre de ces émotions gustatives. Quand il se dérègle, les priorités changent : certains deviennent hypergourmets, d’autres perdent tout intérêt pour la nourriture, ou au contraire développent des comportements alimentaires compulsifs.Le syndrome de Gourmand est rare, mais fascinant, car il révèle les liens intimes entre goût, personnalité et cerveau. Il montre que notre identité culinaire, comme nos préférences esthétiques ou morales, repose sur un fragile équilibre neuronal. En somme, il suffit parfois d’une minuscule lésion pour qu’un amateur de plats simples se transforme… en critique gastronomique passionné. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant des décennies, on a cru qu’en multipliant les compliments, on aidait les enfants à s’épanouir. « Tu es le meilleur ! », « Tu es génial ! » — autant de phrases censées nourrir la confiance. Mais selon une recherche conjointe de l’Université d’État de l’Ohio et de l’Université d’Amsterdam, publiée dans la revue PNAS, ces compliments exagérés sont en réalité un piège. Loin de renforcer l’estime de soi, ils peuvent créer des enfants égocentriques, voire manipulateurs, incapables plus tard de relations équilibrées.Tout commence souvent avec de bonnes intentions. Un parent veut encourager son enfant, surtout s’il le sent fragile ou timide. Alors il multiplie les louanges. Mais lorsqu’elles deviennent disproportionnées — quand on félicite non pas l’effort, mais la personne elle-même, en la présentant comme exceptionnelle —, le cerveau de l’enfant apprend une leçon bien différente : pour être aimé, il faut être extraordinaire. Ce n’est plus la curiosité ni la persévérance qui comptent, mais l’image que l’on renvoie.Les chercheurs ont observé que ces enfants finissent par éviter les situations où ils risquent d’échouer. L’échec, pour eux, n’est pas une étape normale de l’apprentissage, mais une menace pour l’identité flatteuse qu’on leur a imposée. Ils préfèrent donc ne pas essayer plutôt que de risquer d’être « démasqués ». Et pour continuer à mériter l’admiration, ils développent des stratégies sociales subtiles : séduire, manipuler, attirer l’attention, parfois rabaisser les autres pour se sentir supérieurs.Peu à peu, l’enfant devient dépendant du regard extérieur. Il mesure sa valeur à travers l’approbation d’autrui. Dans ce processus, une chose s’étiole : l’empathie. S’il se vit comme le centre du monde, les besoins des autres perdent de l’importance. Il ne cherche plus à comprendre, mais à convaincre ; plus à échanger, mais à briller. Ce type d’éducation, en apparence bienveillante, prépare sans le vouloir des adultes narcissiques, fragiles sous leur assurance, et incapables de tisser des liens sincères.Les chercheurs insistent : la clé n’est pas de bannir les compliments, mais de les orienter autrement. Il faut cesser de dire « Tu es incroyable » et apprendre à dire « Tu as bien travaillé ». Féliciter l’effort plutôt que le talent, reconnaître les progrès plutôt que la perfection. C’est ainsi que l’enfant apprend que la valeur ne se joue pas dans le regard des autres, mais dans l’action, la persévérance et la relation à autrui. En somme, c’est en apprenant à échouer qu’on apprend aussi à aimer. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant longtemps, les neurosciences ont considéré les astrocytes comme de simples cellules de soutien. Leur rôle semblait limité : nourrir les neurones, maintenir l’équilibre chimique du cerveau, éliminer les déchets. Pourtant, une étude collaborative franco-suisse, menée par les universités de Lausanne, Genève, Grenoble, l’Inserm et le Wyss Center for Bio and Neuroengineering, vient bouleverser cette vision. Publiée le 24 septembre dans la prestigieuse revue Cell, elle démontre que les astrocytes jouent un rôle actif et inédit dans le traitement de l’information cérébrale.L’étude s’est intéressée aux prolongements les plus fins des astrocytes, appelés « leaflets ». Ces minuscules extensions entourent directement les synapses, ces zones de contact où deux neurones communiquent. Les chercheurs ont découvert que ces leaflets ne se contentent pas d’être présents : ils disposent d’un réticulum endoplasmique interne, leur permettant de stocker et de libérer du calcium. Ce mécanisme est essentiel, car il permet aux astrocytes de générer de véritables signaux calciques en réponse à l’activité neuronale.Chaque fois qu’une synapse voisine s’active, le leaflet astrocytaire capte le signal et libère une petite bouffée de calcium. Si plusieurs synapses s’activent en même temps, ces micro-signaux s’additionnent et déclenchent une réponse calcique plus globale. En clair, les astrocytes ne réagissent pas de manière isolée, ils intègrent les informations de plusieurs neurones pour en donner une réponse coordonnée. Cette intégration leur confère un rôle inédit : ils deviennent capables de « calculer » à partir de l’activité synaptique.Mais ce n’est pas tout. Ces leaflets sont interconnectés par des jonctions, formant de véritables domaines fonctionnels. Une fois activés, ils peuvent à leur tour influencer les synapses environnantes en libérant des substances modulatrices. L’astrocyte ne se contente donc pas d’observer le passage des informations : il régule activement la communication entre neurones.Les implications sont majeures. Cela signifie que le cerveau ne repose pas uniquement sur l’activité des neurones pour traiter l’information. Les astrocytes, longtemps considérés comme de simples figurants, participent activement à l’orchestration des signaux. Cette découverte pourrait expliquer certains mécanismes complexes de la mémoire, de l’attention ou de la prise de décision. Elle ouvre aussi de nouvelles pistes pour comprendre les maladies neurologiques, où les astrocytes pourraient jouer un rôle bien plus central qu’on ne l’imaginait.En somme, cette étude franco-suisse réhabilite les astrocytes au rang d’acteurs essentiels de la pensée. Ces cellules longtemps négligées apparaissent désormais comme des pièces maîtresses de notre intelligence. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La question n’est plus seulement de savoir combien de graisse nous accumulons, mais où elle se loge dans notre corps. Une étude récente menée par l’Université de Hong Kong et publiée dans la revue Nature Mental Health apporte des preuves convaincantes : la localisation de la graisse corporelle influe directement sur la santé du cerveau et les performances cognitives.Pour mener cette recherche, les scientifiques ont exploité les données de plus de 18 000 participants du UK Biobank. Grâce à des mesures précises d’imagerie (DXA), ils ont distingué plusieurs types de dépôts adipeux : graisse viscérale autour des organes, graisse du tronc, des bras et des jambes. Ces données ont été comparées à des IRM cérébrales et à des tests cognitifs portant sur la mémoire, le raisonnement, la vitesse de traitement et les fonctions exécutives.Les résultats sont frappants. La graisse viscérale, celle qui entoure le foie, les reins et l’intestin, apparaît comme la plus néfaste. Elle est associée à une réduction du volume de certaines régions clés du cerveau, notamment dans le réseau par défaut qui joue un rôle essentiel dans la mémoire et l’introspection. Plus encore, elle s’accompagne d’altérations de la matière blanche, cette “autoroute” qui relie différentes aires cérébrales. Ces perturbations suggèrent une dégradation de la connectivité neuronale.Les chercheurs ont utilisé un indicateur appelé “brain age gap” : l’écart entre l’âge chronologique d’une personne et l’âge biologique estimé de son cerveau. Ils ont montré que la graisse viscérale accélère ce vieillissement cérébral, et que cet effet explique en grande partie les baisses de performance dans les tests cognitifs. Autrement dit, la graisse autour du ventre semble “vieillir” certaines parties du cerveau plus vite que prévu.Toutes les graisses ne sont pas équivalentes. La graisse des bras, du tronc ou des jambes montre aussi des associations avec la structure cérébrale, mais moins marquées. C’est bien la graisse viscérale qui ressort comme un facteur de risque majeur. Les chercheurs avancent des explications : inflammation chronique, perturbation hormonale et stress oxydatif pourraient relier ces dépôts adipeux à la dégradation neuronale.Il faut rester prudent : l’étude est transversale, donc elle établit des corrélations plus que des causes. De plus, la population étudiée était en majorité européenne, ce qui limite la généralisation. Mais le message est clair : au-delà du poids affiché sur la balance, la répartition de la graisse est un indicateur crucial pour la santé du cerveau. Protéger son cerveau passe aussi par surveiller son tour de taille. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La question « la malbouffe est-elle un danger pour la mémoire ? » a longtemps été posée, mais une étude récente apporte des preuves solides. Le 11 septembre 2025, des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill ont publié dans la revue Neuron des résultats inquiétants : une alimentation riche en graisses saturées, typique de la « junk food », pourrait altérer la mémoire en quelques jours seulement.L’équipe de Juan Song et Taylor Landry a travaillé sur des souris pour comprendre comment un tel régime influence le cerveau. Leur attention s’est portée sur l’hippocampe, une région clé pour la mémoire. Ils ont découvert qu’un type particulier de neurones, appelés interneurones CCK (pour cholecystokinine), devenait anormalement actif après une exposition à la malbouffe. Cette hyperactivité dérègle le circuit neuronal responsable de l’encodage et du rappel des souvenirs.Le mécanisme en jeu est directement lié au métabolisme énergétique du cerveau. Normalement, les neurones utilisent le glucose comme carburant. Mais sous l’effet d’un régime trop gras, cette utilisation est perturbée. Les chercheurs ont identifié une protéine, la PKM2 (pyruvate kinase M2), comme pivot de cette altération. Quand la PKM2 ne fonctionne pas correctement, les interneurones CCK s’emballent, ce qui provoque un déclin de la mémoire.Le plus frappant est la rapidité des effets : les souris montraient déjà des déficits cognitifs après seulement quatre jours de régime gras. Et cela avant même d’avoir pris du poids ou de développer des signes de diabète. Autrement dit, les conséquences sur le cerveau précèdent les effets métaboliques visibles.Heureusement, l’étude montre aussi que ces dommages sont réversibles. En restaurant les niveaux de glucose cérébral, l’activité des interneurones redevient normale et la mémoire s’améliore. Les chercheurs ont même testé le jeûne intermittent : après une période de malbouffe, cette pratique suffisait à rétablir l’équilibre neuronal et les capacités mnésiques.Ces résultats sont un avertissement fort. La malbouffe ne menace pas seulement notre silhouette ou notre santé cardiovasculaire, mais aussi notre mémoire, et cela très rapidement. Certes, l’expérience a été menée sur des souris, et il faudra des études complémentaires chez l’humain pour confirmer ces effets. Mais le signal est clair : notre cerveau est sensible à ce que nous mangeons, parfois plus vite qu’on ne l’imagine.En conclusion, l’étude de l’Université de Caroline du Nord publiée dans Neuron démontre que la malbouffe est bel et bien un danger pour la mémoire. Et si la menace apparaît vite, la bonne nouvelle est que des changements alimentaires peuvent aussi rapidement inverser la tendance. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La musique, nous le savons tous, peut nous émouvoir, nous transporter ou encore nous apaiser. Mais depuis quelques années, la science met en lumière une autre dimension fascinante : son pouvoir sur la mémoire. Et ce pouvoir semble particulièrement marqué lorsque la musique nous est familière. C’est ce qu’a montré une étude américaine publiée en 2023 dans la revue PLOS One.Dans cette recherche, des volontaires ont été invités à écouter différents extraits musicaux, certains connus et aimés, d’autres inconnus. Pendant l’écoute, les chercheurs enregistraient leur activité cérébrale à l’aide de l’IRM fonctionnelle. Les résultats sont éloquents : lorsque les participants écoutaient une chanson familière, des régions du cerveau liées à la mémoire — notamment l’hippocampe et le cortex préfrontal —Pourquoi un tel effet ? D’abord, parce que la musique familière agit comme un « raccourci émotionnel ». Une chanson connue active le système de récompense, libérant de la dopamine. Cette hormone du plaisir a pour effet secondaire d’améliorer la consolidation mnésique : autrement dit, ce que nous apprenons ou vivons en écoutant une musique familière est mieux stocké dans notre mémoire. De plus, la musique connue sollicite des réseaux cérébraux plus larges que la musique inconnue : elle convoque des souvenirs personnels, des images mentales, des émotions. Tout cela enrichit et renforce le processus de mémorisation.Les implications de ces résultats sont multiples. Dans l’éducation, certains enseignants utilisent déjà la musique pour accompagner l’apprentissage. Réviser en écoutant des morceaux familiers pourrait ainsi améliorer la rétention des informations. Mais c’est surtout dans le domaine médical que ces découvertes prennent tout leur sens. Chez les patients atteints de troubles cognitifs ou de la maladie d’Alzheimer, la musique familière peut réactiver des souvenirs que l’on croyait perdus. De nombreuses vidéos montrent des malades, muets ou apathiques, s’animer soudain au son d’une chanson de leur jeunesse.Cette étude de PLOS One confirme donc ce que l’intuition et l’expérience suggéraient déjà : la musique, et particulièrement celle qui nous est chère, n’est pas qu’un divertissement. Elle est une clé puissante pour stimuler et consolider la mémoire.En définitive, écouter un morceau familier, ce n’est pas seulement ressentir une vague de nostalgie. C’est activer un véritable réseau cérébral où émotions, souvenirs et apprentissages s’entremêlent. La musique devient alors bien plus qu’un art : un outil pour entretenir, renforcer et raviver notre mémoire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Vous rentrez chez vous, votre chien accourt, il plonge son regard dans le vôtre. Rien qu’un échange de regards. Et pourtant, à ce moment précis, votre cerveau libère une hormone… l’ocytocine.L’ocytocine, on la surnomme « l’hormone de l’amour » ou « de l’attachement ». On la connaît pour son rôle dans le lien mère-enfant, dans les relations amoureuses, ou encore dans la confiance entre deux personnes. Mais en 2005, une équipe de chercheurs japonais menée par Takefumi Kikusui a montré que cette même molécule joue aussi un rôle clé dans nos rapports… avec les animaux.L’expérience est simple : on observe des propriétaires interagir avec leur chien. On mesure leur taux d’ocytocine avant et après. Résultat ? Quand un humain fixe son chien dans les yeux, son taux d’ocytocine grimpe. Et, incroyable : celui du chien aussi. C’est une boucle hormonale, un cercle vertueux qui unit les deux espèces, presque comme un langage silencieux.Mais pourquoi est-ce si particulier ? Parce que l’ocytocine ne se contente pas de donner du bien-être. Elle renforce la confiance, la coopération, le sentiment d’attachement. C’est elle qui transforme un simple animal en compagnon, en membre de la famille.Cette découverte a aussi une dimension évolutive. Au fil des millénaires, les chiens capables de créer ce « dialogue hormonal » avec l’homme ont été privilégiés : mieux nourris, mieux protégés. Et en retour, nous, humains, avons trouvé dans ces animaux des alliés fidèles. L’ocytocine aurait donc contribué à sceller un pacte vieux de dizaines de milliers d’années.Depuis, d’autres études l’ont confirmé : caresser un chien ou un cheval, jouer avec un chat, ça stimule cette même hormone. Cela explique aussi pourquoi les thérapies assistées par les animaux peuvent réduire l’anxiété, le stress ou la dépression.Alors, la prochaine fois que vous croisez le regard de votre chien, souvenez-vous : ce n’est pas seulement une émotion. C’est une réaction biologique. Une petite molécule, l’ocytocine, qui traverse les frontières entre espèces et nous rappelle à quel point le lien avec les animaux est profondément inscrit… jusque dans notre cerveau. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Imaginez un duo de jumeaux de plus de soixante ans. Même patrimoine génétique, parcours de vie souvent proches, habitudes semblables. Et pourtant, après douze semaines d’un simple ajout à leur alimentation, l’un d’eux se souvient mieux, apprend plus vite, tandis que l’autre ne constate aucun changement. Quelle est la différence ? Des prébiotiques, ces fibres alimentaires qui nourrissent les bonnes bactéries de notre intestin.Cette scène n’est pas une fiction mais le cœur d’une étude publiée début 2024 dans Nature Communications. Des chercheurs britanniques ont recruté 36 paires de jumeaux âgés en moyenne de 73 ans. Tous ont suivi un programme d’exercices et reçu des acides aminés bénéfiques pour la musculature. Mais un seul des deux jumeaux de chaque paire recevait, en plus, un supplément quotidien de prébiotiques. Trois mois plus tard, les résultats sont frappants : ceux qui avaient nourri leur microbiote intestinal obtenaient de meilleurs scores dans des tests de mémoire visuelle et d’apprentissage. Notamment, ils faisaient moins d’erreurs dans un exercice consistant à mémoriser des associations entre des images et des emplacements, un test considéré comme sensible aux premiers signes du déclin cognitif.Comment expliquer ce lien étonnant entre intestin et mémoire ? Tout passe par ce que les scientifiques appellent l’axe microbiote-intestin-cerveau. Les milliards de bactéries logées dans nos intestins produisent en permanence des molécules, comme des acides gras à chaîne courte ou même certains neurotransmetteurs, capables de circuler dans le sang et d’agir sur le cerveau. En modulant l’inflammation, en influençant la chimie cérébrale et même en dialoguant via le nerf vague, le microbiote peut contribuer à protéger ou à fragiliser nos capacités cognitives.Dans cette expérience, les prébiotiques ont favorisé la croissance de bifidobactéries, connues pour leurs effets bénéfiques. Et cette transformation interne s’est traduite par un petit coup de pouce mental. Certes, l’effet n’est pas spectaculaire, et il reste limité à une courte période et un petit échantillon. Mais il s’agit d’une preuve élégante, renforcée par le choix de jumeaux, que nourrir son intestin peut aussi nourrir sa mémoire.Ce résultat ouvre des perspectives intrigantes : et si, avec l’âge, un simple ajustement alimentaire suffisait à retarder le déclin cognitif ? Et si la clé pour protéger notre mémoire se trouvait dans notre assiette, dans ces fibres oubliées qui, silencieusement, font travailler pour nous des milliards de microbes alliés ? La recherche continue, mais une chose est sûre : notre intestin a bien plus à dire à notre cerveau que nous ne l’imaginions. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant longtemps, les manuels de biologie affirmaient qu’un cerveau humain contenait environ 100 milliards de neurones. Ce chiffre est resté gravé dans les esprits comme une vérité incontestable. Pourtant, la science n’aime pas les approximations trop simples, et des chercheurs ont voulu recompter plus sérieusement. C’est ce qu’a fait en 2009 la neuroscientifique brésilienne Suzana Herculano-Houzel avec une méthode innovante appelée la “méthode du bouillon de cellules”.Plutôt que de compter les neurones un par un au microscope – tâche évidemment impossible – son équipe a dissous des tissus cérébraux de cerveaux post-mortem dans une solution spéciale. Ce “bouillon” homogène permettait ensuite de mesurer la densité de noyaux cellulaires et, par extrapolation, d’estimer avec une précision bien meilleure le nombre total de neurones. Résultat : le cerveau humain contient en moyenne 86 milliards de neurones, et non 100 milliards comme on le croyait auparavant.Mais ce chiffre cache une répartition inégale. Environ 69 milliards de ces neurones se trouvent dans le cervelet, la structure située à l’arrière du crâne, longtemps considérée comme surtout impliquée dans la coordination motrice. Le cortex cérébral, siège des fonctions cognitives les plus sophistiquées – langage, mémoire, raisonnement – en contient “seulement” 16 milliards. Cela signifie que la majorité des neurones humains n’est pas dans la zone associée à la pensée consciente, mais dans une région qui règle nos mouvements avec une précision extraordinaire.Cette découverte a plusieurs implications fascinantes. D’abord, elle permet de comparer notre cerveau à celui des autres espèces. Par exemple, certains grands singes possèdent un nombre global de neurones inférieur, mais une densité neuronale similaire dans le cortex. Ce qui semble nous distinguer, ce n’est pas seulement le nombre total de neurones, mais le fait que nous avons réussi à concentrer beaucoup de neurones corticaux dans une taille de cerveau relativement contenue, optimisant ainsi l’efficacité énergétique.Ensuite, ce chiffre relativise l’idée que “plus de neurones = plus d’intelligence”. Le rapport entre les neurones corticaux et la masse corporelle semble plus pertinent pour comprendre nos capacités cognitives uniques. Chez l’humain, ce rapport est exceptionnellement favorable : malgré un corps de taille moyenne, nous disposons d’un cortex riche en neurones spécialisés.En conclusion, le cerveau humain compte environ 86 milliards de neurones, organisés en réseaux d’une complexité vertigineuse. Ce chiffre, corrigé par la science récente, montre que nous ne possédons pas forcément “le plus grand” cerveau du règne animal, mais sans doute l’un des plus ingénieusement câblés, capable de générer langage, culture et conscience. Une preuve supplémentaire que la qualité des connexions importe parfois plus que la quantité brute. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Imaginez que votre cerveau soit une immense bibliothèque. Chaque jour, vous y rangez de nouveaux livres : un souvenir de conversation, une odeur de café, une formule de mathématiques, un visage croisé dans la rue. Alors forcément, une question se pose : peut-on un jour saturer ces étagères ? Le cerveau a-t-il une limite, comme un disque dur qui finirait par afficher “mémoire pleine” ?Elizabeth Kensinger, professeure de psychologie et de neurosciences au Boston College, a passé des années à étudier la mémoire humaine. Sa conclusion est claire : le cerveau ne fonctionne pas comme un ordinateur. Dans ses travaux, notamment avec Andrew Budson, elle explique que la mémoire n’est pas un espace fixe que l’on remplit jusqu’au trop-plein. C’est un système dynamique, où chaque souvenir est découpé en morceaux — une couleur, un son, une émotion — stockés dans différentes zones cérébrales et liés entre eux par l’hippocampe.Alors pourquoi avons-nous parfois l’impression d’être saturés, incapables d’apprendre une chose de plus ? Kensinger insiste : ce n’est pas une question de capacité, mais de conditions d’encodage. Quand nous sommes fatigués, distraits, ou stressés, notre cerveau n’enregistre pas correctement l’information. Le souvenir est flou dès le départ, et il sera plus difficile à retrouver. Autrement dit, ce n’est pas que la bibliothèque manque de place, mais plutôt que certains livres ont été posés à la hâte, mal étiquetés, et deviennent introuvables.Dans ses recherches, Kensinger montre aussi que l’oubli n’est pas un défaut mais une fonction essentielle. Le cerveau trie. Il élimine une partie des détails superflus pour se concentrer sur ce qui compte vraiment. Elle a notamment démontré que les souvenirs chargés d’émotion, surtout négatifs, conservent plus de précision visuelle que les souvenirs neutres. En d’autres termes, notre cerveau sélectionne : il garde intacts certains livres parce qu’ils marquent notre histoire, et laisse s’effacer les anecdotes banales.Alors non, il n’existe pas de “saturation” de la mémoire au sens strict. Nous ne remplissons jamais complètement nos étagères neuronales. Ce que nous ressentons comme une saturation est en réalité de la fatigue cognitive, un déficit d’attention, ou simplement ce mécanisme naturel d’oubli qui libère de l’espace mental.En somme, notre mémoire n’est pas un disque dur limité, mais un organisme vivant. Elle apprend, oublie, reconstruit. Elle n’a pas besoin d’être protégée de la saturation, mais entretenue par le sommeil, l’attention et le sens que nous donnons aux choses. Et c’est justement ce tri qui permet à notre bibliothèque intérieure de rester lisible, même après des décennies d’accumulation. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Imaginez écouter une symphonie, et soudain, chaque note fait jaillir une couleur précise. Un do aigu devient un jaune éclatant, un sol grave se teinte de bleu profond. Pour certaines personnes, cette expérience n’est pas une métaphore poétique mais une réalité neurologique : elles vivent ce que l’on appelle la synesthésie, et plus précisément la chromesthésie, c’est-à-dire la capacité à “voir” la musique en couleur.Ce phénomène intrigant a fasciné aussi bien les artistes que les scientifiques. Contrairement à une simple association d’idées, il s’agit d’une perception automatique et stable dans le temps. Un synesthète qui associe le piano à une lueur dorée percevra cette nuance encore et encore, chaque fois que l’instrument résonnera. Mais pourquoi ce câblage particulier du cerveau existe-t-il chez certaines personnes et pas chez d’autres ?Les neurosciences avancent deux grandes explications. La première est celle de l’hyper-connectivité. Normalement, pendant l’enfance, les connexions neuronales “en trop” entre les différentes aires sensorielles s’élaguent progressivement. Chez les synesthètes, certaines de ces passerelles persistent, notamment entre les zones auditives et la fameuse aire V4, spécialisée dans la perception des couleurs. Résultat : une note de musique active non seulement le cortex auditif, mais déclenche aussi une réponse visuelle colorée. La seconde hypothèse repose sur un mécanisme de rétroaction désinhibée : ici, des régions dites multimodales, qui intègrent plusieurs sens, enverraient un signal visuel à partir d’un stimulus sonore, donnant naissance à ces visions colorées.Une étude emblématique, menée par Ward, Huckstep et Tsakanikos en 2006, a mis ce phénomène à l’épreuve. Les chercheurs ont recruté des personnes synesthètes et les ont comparées à un groupe contrôle. Résultat : quand on leur présentait des sons purs, les synesthètes associaient toujours les mêmes teintes, avec une cohérence remarquable. Mieux encore, leurs couleurs n’étaient pas de simples inventions volontaires : lors de tests de type Stroop, où l’on compare la rapidité de reconnaissance entre couleurs congruentes ou non, leurs réponses montraient que ces perceptions étaient automatiques et pouvaient interférer avec leur attention. Autrement dit, leur cerveau “voit” vraiment la musique.Cette expérience révèle aussi quelque chose d’universel : même les non-synesthètes ont tendance à associer sons aigus et couleurs claires, sons graves et teintes sombres. La différence, c’est que chez la majorité, cette correspondance reste implicite, presque inconsciente, alors que chez les synesthètes elle devient une perception consciente et constante.Ainsi, voir la musique en couleur n’est pas une fantaisie d’artiste, mais le fruit d’un câblage particulier du cerveau. Un croisement sensoriel qui transforme chaque mélodie en une fresque lumineuse, rappelant que notre perception du monde n’est pas figée mais peut varier de façon spectaculaire d’un individu à l’autre. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Le jeûne, et en particulier le jeûne intermittent, ne se contente pas de modifier notre métabolisme : il agit aussi directement sur notre cerveau. Une étude récente, publiée en décembre 2023 dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, a montré que certaines zones cérébrales s’activent de manière spécifique pendant les périodes de privation alimentaire... Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Pendant des décennies, les manuels de neurosciences ont enseigné que la perte d’un membre déclenchait une réorganisation majeure du cortex somatosensoriel : la zone cérébrale correspondant au membre amputé serait rapidement colonisée par les zones voisines — par exemple, celles de la bouche ou des lèvres. Cette théorie s'appuyait sur des travaux historiques chez les primates et des observations post-amputation chez l’humain.La percée : une étude longitudinale et inéditeCe paradigme s’effondre avec une étude rarissime — longitudinale — menée sur trois participants devant subir une amputation de la main. Les chercheurs leur ont fait passer des IRM fonctionnelles (fMRI) avant l’opération, puis jusqu’à cinq ans après, en leur demandant de bouger leurs doigts ou de presser leurs lèvres, y compris en effectuant des mouvements fantômes.Résultats étonnants : permanence du corps corticalLes résultats sont renversants : les cartes cérébrales (représentant mains et lèvres dans le cortex somatosensoriel) restent pratiquement identiques, même plusieurs années après l’amputation — sans aucune invasion par les zones voisines. Une participante, scannée cinq ans après, présentait toujours la même organisation neuronale.Pourquoi c’est révolutionnaireRenversement d’un dogme : L’étude remet en cause l’idée selon laquelle le cerveau adulte se réorganise rapidement après une amputation — un pilier de la science depuis plus de cinquante ans.Un protocole méthodologique fort : Grâce à sa conception avant/après, elle surmonte la limite méthodologique des études antérieures, qui comparaient uniquement des amputés à des personnes valides.Explication des douleurs fantômes : Le maintien de la représentation cérébrale de la main amputée explique pourquoi les douleurs ou sensations fantômes persistent : le cerveau « sait » encore que la main existe.Perspectives thérapeutiques inéditesNeuroprothèses et interfaces cerveau-machine : Comme la carte cérébrale reste stable, les prothèses alimentées directement par l’activité cérébrale — ou interfaces cerveau-machine — peuvent exploiter cette cartographie persistante, même longtemps après l’amputation.Révision des traitements contre la douleur fantôme : Plusieurs thérapies actuelles (ex. miroir) visent à « réparer » une carte cérébrale supposément réorganisée. Mais ces résultats suggèrent qu’on se trompe de cible : il faudrait plutôt s’attaquer à des mécanismes périphériques ou autres réseaux neuronaux, et repenser l’approche clinique.ConclusionCette étude marque un véritable tournant pour les neurosciences du corps et de la plasticité cérébrale. En démontrant que le cerveau ne réorganise pas massivement ses cartes sensorielles après amputation, elle dissipe un mythe établi et ouvre la voie à des traitements plus ciblés et efficaces, tant pour les douleurs fantômes que pour les technologies prothétiques. La permanence de ces cartographies offre une base robuste et durable sur laquelle s'appuyer pour améliorer la prise en charge des millions de personnes amputées à travers le monde. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Une étude publiée début 2025 dans Food & Function par L. Bell et ses collègues de l’Université de Reading a testé les effets immédiats d’un petit-déjeuner riche en noix (50 g de noix incorporées dans du muesli et du yaourt) sur la cognition de jeunes adultes en bonne santé (18-30 ans). Il s’agit du premier travail à explorer l’impact des noix sur la journée suivant la consommation, dans un cadre contrôlé en crossover.Les résultats sont frappants : les participants ayant pris des noix ont affiché des temps de réaction plus rapides tout au long de la journée et une meilleure performance mémorielle en fin de matinée — bien que la mémoire ait d’abord été légèrement moins performante à 2 heures post-consommation, avant une inversion favorable à 6 heures.. L’activité cérébrale (via EEG) a montré des variations dans les réseaux fronto-pariétaux — impliqués dans attention, mémoire épisodique et fonctions exécutives — suggérant une meilleure efficacité neuronale lors de tâches mentales exigeantes.Ces bénéfices sont probablement liés à la composition nutritionnelle unique des noix : elles sont riches en acides gras oméga-3 d’origine végétale (ALA), protéines végétales et polyphénols/flavonoïdes, qui collaborent pour améliorer l’absorption des nutriments (les protéines favorisant l’assimilation des lipides, et les lipides celle des antioxydants comme la vitamine E).Un autre aspect intéressant concerne les marqueurs sanguins : après consommation de noix, les participants présentaient de plus faibles taux d’acides gras non estérifiés et un léger surplus de glucose circulant, ce qui pourrait représenter un meilleur apport énergétique pour le cerveau.Cependant, certains effets étaient inattendus : les sujets ont rapporté une humeur légèrement plus négative après le petit-déjeuner aux noix, probablement liée à une moins bonne acceptabilité sensorielle (goût, odeur moins appréciés) du repas enrichi en noix.Par ailleurs, dans une perspective plus large, d’autres travaux ont montré qu’une consommation régulière de noix (bolus quotidien ou sur plusieurs années) est associée à une meilleure fonction cognitive chez les personnes âgées, voire à une réduction du déclin cognitif avec l’âge .En résumé, la toute récente découverte de l’impact positif d’un petit-déjeuner aux noix sur la cognition montre que ces fruits secs peuvent offrir à la fois un coup de boost mental immédiat (réactivité, mémoire) et potentiellement des bienfaits durables avec une consommation régulière, grâce à leur riche bouquet de nutriments. Toutefois, la saveur et le plaisir gustatif restent cruciaux pour maintenir une bonne humeur post-repas. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.





Super idée de podcast ! J'adore... Je travaille auprès des personnes ayant subi un traumatisme cranio-cérébral, alors c'est tout à fait intéressant (Jérôme - Québec)